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Vito utopique!
10 décembre 2012

les "villages" de Paris

 

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Les "villages" de Paris sont l'un des aspects les plus fascinants de l'urbanisme de la capitale.

Cette ville fut le berceau expérimental de l'urbanisme haussmannien, elle se soumit ensuite (quoique plus sporadiquement) aux théories modernes du Corbusier. Pourtant Paris a su conserver sur l'ensemble de son territoire les vestiges de conceptions moins radicales de l'urbanisme. Ces poches récalcitrantes ont généralement pour origine les anciens tissus médiévaux des quartiers centraux et des communes périphériques de la capitale, mais nous avons également considéré que les ensembles industrieux et pavillonnaires de petite échelle pouvaient rentrer dans le cadre d'étude.

Sur ce fond de carte représentant les 20 arrondissements de Paris, nous avons surligné en rouge les tissus qui nous semblaient les plus pittoresques, puis à partir de ces relevés, nous avons défini des zones plus étendue (en orange) qui correspondent à des morceaux de ville dont la morphologie se ditingue du reste de la ville par son aspect vernaculaire et intimiste. Ce travail cartographique résulte de relevés empiriques, il faut donc considérer ceci comme une ébauche d'analyse urbaine des "villages" étant donnée l'ampleur que nécessiterait une étude plus approfondie des tissus parisiens.

Chacun des secteurs selectionnés comporte au moins l'une des caractéristiques suivantes: Une échelle architecturale inférieure à la moyenne parisienne, un tissu de voieries d'origine vernaculaire, d'une étroitesse relative ou en retrait de la logique de circulation dominante, ce qui a pour effet de donner à ces lieux une certaine intimité par rapport à leur contexte environnant. C'est d'ailleurs pourquoi nous les appellons "villages", parce qu'ils sont par nature en opposition avec la logique urbaine environnante.

Si les différents "villages" pésentent des similitudes concernant leur morphologie (immeubles de faible hauteur, petites parcelles, courbure des voieries, diversité des éléments architecturaux, espaces semi publiques, jardins, etc), ils sont socialement de nature très diverses: Ils peuvent être aussi bien des quartiers résidentiels, que des artères commerçantes ou encore des zones d'activité économique, des ateliers, etc. Mais quelque soit le rôle qu'ils jouent dans la ville actuelle, ils ont tous pour caractéristique essentielle qu'ils contribuent au maintien d'une porosité de l'espace urbain.

On considéra autrefois qu'il était vital pour Paris de trancher dans les quartiers anciens pour optimiser les connections inter-urbaines, mais aussi apporter de l'air, de la lumière et sécuriser la ville, on inventa un modèle de ville qui est encore considéré comme une réussite aujourd'hui. Notre de but n'est pas de porter un jugement sur l'urbanisme Haussmannien, dont les artères auraient un potentiel extraordinaire s'il elles n'étaient pas soumises au spectacle navrant de leur congestion par l'automobile. Ce qui nous intéresse porte plus sur l'impact urbain que la percée de nombreuses artères (pas seulement haussmanniennes) a constitué. Il n'y a pas à Paris, comme c'est le cas à Barcelone par exemple, de quartiers dont l'unité architecturale est évidente. A la juxtaposition ordonnée et historique des différents plans de Barcelone (le bario gotic médiéval a été conservé puis englobé par le plan de Cerda au XIX°), Paris a préféré une logique chirurgicale, C'est une ville palympseste qui s'est construite sur elle même, malgré la brutalité de certains aménagements.

Une balade dans Paris (particulièrement dans les arrondissements populaires de l'Est qui présentent une plus grande diversité) offre une succession de sensations urbaines contradictoires: A la dilatation de l'espace et la frénésie que procure l'arpentage des boulevards succède la densité de l'énigmatique réseau des "villages" résiduels de Paris. D'un côté, On peut ressentir une certaine frustration devant la relative discontinuité des villages, regretter la brièveté de ces expériences dans l'atmosphère intime de ces secteurs amputés. Mais d'un autre côté, cette discontinuité permet un rappel de l'insondable échelle de la ville, et la valeur de ces quartiers s'explique en partie par leur rareté actuelle.

L'existence de ces poches résiduelles à l'ésthétique étrange est indissociable de l'attrait de Paris. A l'instar des grands parcs et des jardins, des quais de Seine ou du canal St Martin, ils permettent aux habitants de s'extraire de la rationnalité écrasante de l'urbanisme rationnalisé. Il faut cependant s'inquiéter de l'embourgeoisement de ces sites et condamner la tendance à la privatisation de certaines "cité", "villa" et autres "passages", car ce sont les éléments essentiels du code génétique parisien qui sont ainsi dérobés au public. En ce qui concerne Montmartre, ou le Marais, outre les privatisations de certains passages, le tourisme de masse et la surchauffe immobilière ont eu pour conséquence l'apparition de sortes de "parcs" d'attraction accentuant encore plus la discontinuité avec le reste de la ville.

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